pèlerins de saint-jacques
dans le luxembourg belge
Au hit-parade des saints vénérés dans le Luxembourg belge, saint Jacques-le-Majeur n'occupe pas le haut du tableau. Confrontés à un climat rude et à un sol avare, les Luxembourgeois se sont tournés vers des protecteurs moins prestigieux dans la hiérarchie céleste. Ils ont préféré solliciter des saints plus accessibles et plus proches de leurs préoccupations quotidiennes: se nourrir, se soigner, se protéger. Apôtre et compagnon de Jésus, saint Jacques devait sembler trop occupé dans la sphère du Tout-Puissant pour s'attarder aux détails de la vie paysanne des villages luxembourgeois.
Saint Roch, par contre, est bien plus présent sur les socles des églises et des chapelles. Comme saint Jacques, avec qui il est parfois confondu, il revêt la tenue du pèlerin de Compostelle, manteau, cape, bourdon, coquilles et calebasse. Le succès de Roch tient à ce que le bon peuple était obligé de le solliciter chaque fois qu'une épidémie - peste ou choléra - s'abattait sur le pays. Saint Roch représentait le dernier espoir après une médecine par malheur inefficace.
Même peu populaire, saint Jacques a trouvé de tout temps des partisans chez nous. Dès le XIIIème siècle, des Luxembourgeois ont quitté leurs terres forestières pour l'aventure de Compostelle. Les archives de la province ne révèlent qu'avec parcimonie le nom de ces adeptes du Camino. Partis pour des motifs bien variés - et pas toujours édifiants - , les pèlerins luxembourgeois du passé ont rejoint les marcheurs des quatre coins de l'Europe en route pour la Galice. Comme leurs compagnons, ils ont affronté les embûches du chemin pour aller au bout de leur rêve.
Car, hier comme aujourd'hui, Santiago de Compostela fait partie des rêves. A l'aube du IXème siècle, la clarté qui enveloppait le site où se terrait depuis des siècles le tombeau de l'apôtre avait attiré l'ermite Pélage. L'aura de saint Jacques a aussitôt exercé une fascination irrésistible. Pendant plus de mille ans, les illuminés de la coquille ont suivi la Voie Lactée. Ils ont engendré à leur tour une constellation, un peu plus lumineuse à chaque pèlerin qui y ajoutait son étoile. Au fil de la rôye saint Djâque ou du tch'min d'sint Djâke à Galice, les pèlerins luxembourgeois ont aussi intégré la traînée lumineuse.
Aujourd'hui, ils sont toujours plus nombreux à partir ou à vouloir le faire. En 25 ans, on a assisté à un engouement très fort pour le Camino de Santiago. Les médias témoignent du renouveau: journaux, revues, télévision et même cinéma développent le sujet. Les associations jacquaires prolifèrent en Europe et dans le reste du monde. Notre groupe Saint-Jacques de Compostelle - Sud-Luxembourg est agréablement surpris du nombre croissant de sympathisants qui assistent à chacune de nos rencontres.
Non, le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle n'est pas une histoire du passé, une vieille dame qui voudrait se donner un air de jeunesse. Au contraire, il répond à une attente profonde des femmes et des hommes du XXIème siècle. Et le Luxembourg - avec une ardeur d'avance - n'a pas pris le train de Compostelle en marche. Depuis le début des années 80, des marcheurs, cyclistes ou cavaliers luxembourgeois ont mis leurs pas dans ceux de leurs aïeux pour arriver Pèlerins de Saint-Jacques à Compostelle.