pèlerins de saint-jacques
dans le luxembourg belge
Samedi 18 octobre 2014
Journée-rencontre à Tintigny:
"Compagnons de saint Jacques dans la vallée de la Semois gaumaise"
Comme les années précédentes, notre groupe-relais « Saint-Jacques de Compostelle - Sud-Luxembourg » a organisé sa traditionnelle journée-rencontre jacquaire. Cette activité qui allie le culturel, le physique et le convivial vise à réunir tous les "fans" de saint Jacques pour quelques heures de bonne humeur.
La rencontre 2014 a eu lieu:
le samedi 18 octobre 2014
à Tintigny (à mi-chemin entre Arlon et Florenville)
Après la dissipation des brumes matinales, saint Jacques nous a gratifiés d'une journée ensoleillée sans la moindre ombre au tableau. La bonne quarantaine de participants n'ont pas regretté le déplacement dans ce petit coin de Gaume illuminé et réchauffé par une météo exceptionnelle.
Après le café et les gâteaux de l'accueil, nous avons eu droit à une visite détaillée de l'église Notre-Dame de l'Assomption. Notre guide, Jacky Clausse n'a pas lésiné sur la marchandise. Ce passionné d'histoire locale trouve autant de plaisir et de satisfaction à enrichir ses connaissances qu'à les partager avec une verve remarquable. Avec générosité, il nous a révélé l'histoire et les histoires de l'édifice. Et cela en valait vraiment la peine.
Le chœur et la nef du XVIIe siècle abritent un superbe mobilier baroque qui forment un des plus beaux ensembles de la province de Luxembourg. Et pourtant, de l'extérieur, la façade néo-classique du XIXe siècle ne laisse pas deviner les richesses contenues à l'intérieur du bâtiment.
Au cours de la visite, nous n'avons pas manqué de saluer la statue en bois polychrome de notre ami et compagnon, saint Jacques, qui orne une des colonnes de l'église. De la main droite, il tient le bourdon garni de la calebasse et, de la main gauche, un épais livre ouvert. Des coquilles ornent son mantelet et son chapeau à larges bords relevés.
En cette année 2014, 100 ans après le début de la "Grande Guerre", Tintigny s'est rappelé avec émotion la tragique journée du 22 août 1914. Ce jour-là, 108 civils, hommes, femmes, vieillards, enfants ont été massacrés par des soldats allemands. La plupart des maisons du villages ont été pillées et incendiées.
Pour commémorer ce funeste événement, une longue fresque a été dressée au pied de l'église. Disposés les uns à côté des autres, une dizaine de panneaux reprennent la silhouette des 108 victimes. Beaucoup affichent le visage soit esquissé, soit repris d'anciennes photos. Chacun porte les vêtements et les outils de son état ou de sa profession: curé, agriculteur, forgeron, instituteur, ménagère, menuisier, facteur, maçon ou cordonnier...
D'énumérer les noms, prénoms et âges inscrits à côté de chacun des habitants au destin détruit, ce fut pour nous un intense moment de recueillement, d'autant que certains des participants à notre journée comptaient de la famille parmi les disparus.
Sous un chaud soleil et un ciel bleu, le circuit pédestre fut un moment particulièrement agréable. Les discussions allaient bon train au rythme des pas alertes. Les haltes instructives continuaient à être assurées par notre guide intarissable, Jacky Clausse. L'histoire du château de Villemont reconstruit à l'identique en 1922 suite à l'incendie par les Allemands le 22 août 1914 complétait le récit de la tragique journée pour Tintigny.
La chapelle Notre-Dame du Chenois se dresse aux portes du village de Saint-Vincent. Elle fut édifiée suite à la peste de 1636 qui extermina la population du village, enterrée à l'orée du bois de chênes. A cet endroit, on bénéficie d'une vue générale sur la vallée et sur le village de Rossignol qui connut, en août 1914, un des plus sanglants affrontements entre des unités de l'armée française et allemande. Prise en embuscade, la 3° division d'infanterie coloniale française, un corps d'élite, fut entourée et anéantie. On évalue à 7.000 le nombre de tués, français et allemands, ce 22 août 1914 à Rossignol.
Et la journée se terminait au restaurant « La Vieille Gaume ». Autour d'une bonne assiette gaumaise, ne régnaient ni silence pesant, ni mines renfrognées! Comme à l'accoutumée, la bonne humeur était largement répartie aux tables. Ne dit-on pas qu'un "saint triste est un triste saint!" Pour sûr, saint Jacques n'est ni l'un ni l'autre.
Et rendez-vous l'année prochaine, si saint Jacques n'y voit aucun inconvénient.