Samedi 17 octobre 2015
Journée-rencontre à Moulaine et Thil (France - 54)) :
"Sur les Chemins de Saint-Jacques à Moulaine
et
sur les Chemins de la Mémoire à Thil"
Ce samedi 17 octobre, une bonne trentaine de personnes se sont retrouvées à Moulaine. Elles répondaient à l'invitation de notre groupe « Saint-Jacques de Compostelle - Sud-Luxembourg » pour sa traditionnelle journée jacquaire d'automne.
Le groupe des participants à la journée-rencontre devant le Mémorial du camp de Thil.
Moulaine, petit village encaissé dans une charmante vallée boisée, se situe à quelques kilomètres de Longwy (France / Meurthe-et-Moselle). En ce samedi, le site avait revêtu ses habits d'automne: brouillard et feuillages colorés. Si le soleil ne s'est pas manifesté, il était cependant dans le coeur des participants. L'ambiance du groupe y a gagné en chaleur.
Photo André REMACLE
Moulaine est une cité minière typique de la région de Longwy avec sa rangée de maisons construites
au début du XXe siècle par les industriels de la métallurgie pour leur personnel.
D'autres détails rappellent son passé métallurgique: sa
locomotive et ses wagons à minette aux vives couleurs, son ancien lavoir, la salle des fêtes, l'infirmerie, le monument dédié aux mineurs
dressé au centre du village.
Pour nous, Moulaine présente surtout l'intérêt d'être fortement attaché à notre vénéré patron et ami, saint Jacques-le-Majeur.
Au début du XVIIIe siècle, un ermitage Saint-Jacques bâti sur un tertre élevé dominait la vallée de la Moulaine.
Il comprenait une chapelle et une maison avec une chambre à feu, deux petites cellules, une cave et un lieu de travail.
Cet ermitage n'existe plus aujourd'hui.
En 1913, la Société des Aciéries de Longwy construit une chapelle Saint-Jacques de style néo-roman au centre du village. Des vitraux garnissaient les 10 fenêtres latérales et celles de la façade avec des scènes du Nouveau Testament.
Malheureusement, pour cause de fissures graves dans la voûte du chœur, cette chapelle est fermée moins de 60 ans plus tard en 1971.
Elle est alors transformée en entrepôt pour un entrepreneur local.
Aujourd'hui, seuls les murs délabrés de la chapelle se dressent, tristement, abandonnés et envahis par la végétation.
Heureusement un superbe vitrail circulaire surmontant le chœur de la chapelle a échappé aux coups de pioche. Ce vitrail influencé par l'Art Déco représente de façon énergique et colorée le saint Jacques Matamore de la bataille de Clavijo en 844.
Cette œuvre a été réalisée en 1913 par un maître-verrier réputé de Nancy, Joseph BENOIT (1871-1939).
Rescapé des ruines de la chapelle, le vitrail de saint Jacques Matamore bénéficia d'une méticuleuse restauration en 2007. Depuis 2008, il est abrité dans la nouvelle chapelle Sainte-Barbe à Moulaine.
La "Cité St Jaques", propriété de la Société des Aciéries de Longwy et la "Rue St Jacques" manifestent la permanence du souvenir pour notre saint patron dans le coeur des habitants de Moulaine.
On peut enfin ajouter que Moulaine devait se trouver sur un des chemins de Compostelle reliant le Titelberg à Hussigny
en direction de Châlons-en-Champagne.
Dans son étude sur le pèlerinage de Compostelle en Belgique et dans le Nord de la France, André GEORGES note: "A Longwy,
la route prenait une double direction: celle de Verdun et celle de Metz en passant par Moulaine (Haucourt), Nilvange et Hagondange - localités
où s'élevait une église Saint-Jacques."
La journée débuta par la tasse de café suivie par le mot de bienvenue du secrétaire du groupe organisateur: "Quelle joie de retrouver ces amis qui répondent avec fidélité à notre invitation mais aussi de découvrir de nouveaux visages attirés par l'étoile de notre bon saint Jacques.". Avec émotion, le souvenir de Paul MARQUET et Rodolphe SCHMIT, membres actifs du groupe, décédés il y a quelques mois, fut évoqué avec un pincement de coeur.
Puis les participants se mirent en route pour une randonnée d'une dizaine de kilomètres. La charmante vallée boisée de la Moulaine parée des chaudes couleurs automnales accueillit les pas des marcheurs. Il ne manquait qu'un rayon de soleil pour rendre le paysage flamboyant ! Ce qui n'empêcha pas des conversations chaleureuses tout au long du parcours malgré les coups de feu des nombreux chasseurs qui avaient envahi les collines voisines.
Sur le coup de 13 heures, un calorique repas permettait à la fois de récupérer des efforts du matin et d'échanger de nombreux souvenirs avec les compagnons de table. Moment de convivialité toujours apprécié par les participants.
A 15 heures, le groupe était attendu à Thil non loin de Villerupt par monsieur Gino Bertacco, responsable de l'Association pour la Mémoire et la Reconnaissance du Camp de Concentration de Thil-Longwy.
Le village de Thil a abrité dès 1943 le seul camp de concentration nazi en France non annexée. Ce fait méconnu du public même voisin du lieu est aussi difficilement reconnu par les autorités politiques françaises au plus haut niveau !
Photo André REMACLE
Et pourtant, en août 1944, 7 000 prisonniers étaient affectés à ce camp de destruction par le travail et par la faim.
Aujourd'hui, un Sentier de Mémoire, orné d’œuvres d'art, conduit à la crypte qui abrite le four crématoire et divers documents de ce lieu de mort qui se veut maintenant un lieu de vie et d'espoir.
L'émotion a été vive de découvrir les conditions de vie et de mort des déportés dépeints avec une sobriété prenante par monsieur Bertacco. Même si les signes matériels de présence du camp ont presque totalement disparu, les mots pour décrire la maquette du site du camp de Thil suffisent pour marquer l'imagination des auditeurs qui ressentent de façon aiguë la souffrance de ceux qui ont vécu l'humiliation et la souffrance en ces lieux.
Pour plus d'informations sur le Camp de Concentration de Thil-Longwy, vous pouvez visiter le site internet: http://www.outoftime.de/thil/